Un jour, une lettre. Automne de l'an 2000. Classe de troisième. Un cours sur la guerre, la Grande, 14~18. Une élève, Claire, remet un document à l'enseignant. Il s'agit d'un témoignage de sa famille. Un brouillon de lettre de 1920 photocopié. Un homme s'adresse au ministre de la Marine. Il réclame le retour de son dernier fils survivant. En 1914, des fils, il en avait six !...
Cet homme s'appelle Guillaume Cornou. Il est l'arrière arrière-grand-père de Claire.
Les familles aussi. Les familles portent la marque. Il a suffit d'une lettre. Un brouillon. Vieux, jauni, racorni, fatigué, tout empli de l'écho d'une douleur vive. A fleur de mots, une douleur sans âge, immédiate. Une douleur qui parle de suite, à tout le monde. Une douleur universelle. Actuelle. Si tellement proche. La souffrance d'une mère, l'extrême lassitude d'un père, la mort violente, insupportable des jeunes, la famille démembrée, anéantie... Une Histoire du monde à échelle d'homme pour 18 collégiens volontaires.
De l'acier. Du bois. De la douleur. Exposer la douleur de la guerre sur des panneaux d'acier. De la rouille aussi, surtout. Une rouille qui ronge. Petit à petit, une douleur rubigineuse qui gagne. Qui envahit toute chose. Monter une exposition sur la douleur d'une famille. Une famille dans la guerre. Sur des panneaux de rouille et d'acier. Pour ne pas oublier.
Pas ceux-là. Cette fois-ci, on essayera à notre manière pour que nos six morts, Jean, Amet, Guénolé, François, Joseph, Jacquette, ne meurent pas deux fois. L'exposition voyagera quatre fois. Les médias s'en feront l'écho (cf. rubrique « médias »).